"Une ville en état de siège", "un camp retranché", "un débat sur la ruralité où à aucun moment on n'a permis l'expression en lien avec les sujets soulevés par les Gilets jaunes", "une organisation qui n'était pas à la hauteur". Le premier magistrat de Perpignan Jean-Marc Pujol ne cache pas son amertume suite au grand débat national organisé à Souillac.
Non seulement l'élu regrette de ne pas avoir pu s'exprimer contrairement aux maires de Saint-Laurent-de-la-Salanque et de Céret mais il ne cache pas non plus une certaine forme de malaise. "Pendant trois heures, les maires sont intervenus sur des sujets où finalement le président n'a que peu de prise. On s'est retrouvé devant un panel de revendications territoriales mais on n'a jamais évoqué les sujets liés à la colère sociale exprimée dans les périphéries urbaines. Je voulais porter ces revendications des Gilets jaunes mais on avait cette impression de débat téléguidé".
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Jean-Marc Pujol a finalement adressé un courrier au président de la République. "Je lui ai écrit en pointant du doigt les revendications que j'ai entendues à l'écoute des Gilets jaunes. Ce sentiment d'éloignement des instances de décisions, cette impression de déclassement social pour des personnes qui travaillent et qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts ou encore cette colère face à ce qu'ils croient être des passe-droits pour les élites".
Pour ce qui est de l'intervention d'Emmanuel Macron devant les 600 maires rassemblés, l'élu perpignanais est partagé. "On a eu cette sensation de grand oral de l'ENA. Il a été clair sur sa politique de l'offre. En revanche, il a fait deux ouvertures : sur les 80 km/h et sur la réforme territoriale".
Concernant la traduction politique de ces débats qui courent pour deux mois, là aussi, le maire se veut dubitatif. "Ce sera compliqué. Il faut revenir vers le peuple. Si tout le monde trouve un moyen d'expression, ce sera positif mais il faudra répondre à cette question : comment avoir en même temps plus de dépenses publiques et moins d'impôts ? Je reste persuadé que le fond du problème est le reste à vivre".
Article de Julien Marion